Maxime Frodefond, chef de projets programmes CEE et mobilités actives chez ROZO et Pierre Rullière, Directeur de ROZO, analysent l’évolution de la pratique du vélo en France et reviennent sur la place de ce mode de transport dans le projet de loi « Climat et Résilience ».
Zoom sur un système vélo en plein essor, qui doit encore relever de nombreux défis …
La crise sanitaire a défini un nouveau référentiel de mobilité
L’année 2020 a été marquée par une augmentation spectaculaire de la pratique du vélo. Selon l’association Vélo & Territoires, la pratique du vélo à l’échelle nationale a augmenté de 10 % sur l’ensemble de l’année mais avec des disparités fortes entre les milieux urbains (+ 12%) et ruraux (+2%). La pratique du vélo dans les milieux périurbains est même en légère baisse (-1%)¹.
L’engouement récent pour la pratique du vélo comme mode de transport à part entière et non simplement comme loisir ne doit cependant pas masquer la stabilité de la part modale du vélo qui représente 2,7 % des déplacements alors que 75% des déplacements quotidiens font moins de 7 kilomètres².
Avec cet embouteillage de chiffres, l’évidence s’impose à tous et nous pousse à la caricature : il faut enfourcher son vélo et laisser sa voiture au garage ! Pourtant, ce « bon sens » masque une réalité, la voiture est toujours le mode de transport plébiscité des français pour encore longtemps. Ce mode de transport décrié pour ses impacts environnementaux ou son coût cristallise les clivages entre urbains et périphériques. Le vélotaffeur sauve le climat et le propriétaire de SUV sacrifie la planète sur l’autel du confort et des émissions de CO2. Les centres-villes se piétonnisent et les zones commerciales s’étendent créant deux mondes parallèles qui semblent irréconciliables.
Vers une transition des mobilités
La mobilité est plus souvent une contrainte qu’un choix. Elle s’organise autour du logement à partir duquel gravitent des déplacements quotidiens.
Et le constat est sans appel, même si 93% de la population vit dans l’une des 699 aires d’attraction d’une ville³, en 2021, pour choisir le vélo, il faut le plus souvent déménager vers les centres urbains alors que les mouvements de redistribution des populations (ainsi que des entreprises) se font de plus en plus vers les banlieues périurbaines où les infrastructures cyclables sont quasi-inexistantes.
Pourtant il faut agir vite face au changement climatique sans pour autant imposer un dogme et une solution « tout vélo ».
La France a terminé sa transition urbaine, elle doit maintenant entamer, avec toutes ces contraintes, sa transition des mobilités.
La loi « Climat et Résilience » confirme l’importance du vélo comme mode de transport à part entière
Le projet de loi « Climat et Résilience », marque une première étape avec des mesures à la symbolique forte comme la prime à la conversion pour le remplacement d’un vieux véhicule thermique par un vélo à assistance électrique (VAE). Les entreprises qui sont créatrices de flux de transports, qu’ils soient de marchandises ou de personnes, pourront aussi bénéficier d’un bonus pour l’acquisition d’un vélo cargo ou l’équipement de détecteurs d’angles morts pour les poids lourds.
Ces aides à l’acquisitions sont complétées par des dispositifs d’aides au développement pour les infrastructures cyclables : intégration du stationnement sécurisé vélo dans les parkings relais dans les plans de mobilité, schémas vélos prescriptifs à un échelon territorial plus large ou encore renforcement du développement des pistes cyclables à l’intérieur des zones à faible émissions mobilité (ZFE-m).
Ces propositions, qui font échos au Fonds Vélo, lancé en 2018 et doté de 350 millions d’euros sur 7 ans, témoignent d’une réelle prise de conscience au niveau national de la mobilité vélo.
Les défis et freins restent cependant nombreux et le rapport entre l’investissement pour le secteur automobile ou aérien n’est pas encore à la hauteur des enjeux climatiques et surtout des enjeux du quotidien. Il faut désormais penser un système vélo plus global et inclusif qui n’oppose pas les modes de transport ni les modes de vies mais pour cela, il faut investir dans une alternative crédible, avec des choix de mobilité décarbonées et sans contrainte. Le vélo est une solution et il faut continuer de s’en saisir !
ROZO rime avec vélo
ROZO développe depuis 2016 des moyens concrets pour booster la pratique du vélo. Le premier programme CEE 100% vélo a été initié par ROZO en partenariat avec la FUB et a financé près de 20 000 emplacements vélos sécurisés sur toute la France. D’autres projets majeurs et structurants pour le financement des politiques cyclables ont été menés comme le Coup de Pouce Vélo qui a permis la réparation de près de 2 millions de vélo entre mai 2020 et mars 2021. L’expertise de ROZO a permis à ce dispositif de dépasser largement ses objectifs initiaux et a démontré la pertinence d’un financement de la réparation pour garantir un usage quotidien et un report modal effectif.
L’explosion de la demande de réparation des cycles a été un révélateur de la carence en réparateur et mécanicien cycle. Pour répondre à ces nouveaux impératifs, plus de 1250 professionnels seront formés dans le cadre de « l’Académie des Métiers du Vélo » (AMV).
L’ADMA pour « Académie des mobilité actives» portée par FUZO (filiale conjointe de la FUB et de ROZO) accueille depuis février 2021 les premiers experts formateurs qui sont en charge de développer les outils techniques et pédagogiques nécessaires à la mise en place d’un système vélo robuste, efficace et pérenne.
Enfin, ROZO, en tant qu’entreprise, encourage la pratique du vélo auprès de ses collaborateurs à travers plusieurs initiatives :
- – la mise en place du forfait mobilité durable
- – la substitution récente d’une partie de la flotte de véhicule du groupe par des vélos à assistance électrique
- – la participation de l’entreprise à de nombreux évènements sur les mobilités durables comme par exemple « Mai à vélo » ou encore des challenges mobilités régionaux.
Le « citoyen vélo » par Pierre Rullière, Directeur de ROZO :
« Le vélo est un moyen universel pour notre vie du quotidien : pour les déplacements (personnes, petites marchandises), pour la création d’emplois (réparateurs, vendeurs, infrastructures cyclables, pistes, abris,…), pour le développement industriel et R&D ( cadres, moteurs, batteries, consommables …) , pour la santé publique (activité physique, réduction des émissions polluantes et des nuisances sonores,…), pour la sociabilité, pour le tourisme, les activités familiales et amicales , pour redessiner les voies de déplacements et lieux de vies.
Le vélo a un coût d’acquisition et de fonctionnement modéré ce qui le rend accessible au plus grand nombre. Il n’est pas un marqueur social et permet de mettre tout le monde sur un pied d’égalité face à un enjeu climatique qui est universel et qui dépasse tous les clivages de notre société. Il permet à chacun, chaque jour, de participer positivement à réduire durablement notre impact climatique. L’individu, dans une approche collective positive et non contraignante, peut ainsi participer à mouvement global. Le changement passe par la possibilité offerte à chaque individu de pouvoir s’engager simplement et durablement. Le vélo peut être ce moyen simple et efficace et accessible dès aujourd’hui, sans déployer des moyens titanesques. »
Sources:
1: https://www.velo-territoires.org/wp-content/uploads/2021/01/2021-01-06-Bulletin_Velo_Confinements_13_2p-1.pdf
2: https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/comment-les-francais-se-deplacent-ils-en-2019-resultats-de-lenquete-mobilite-des-personnes
3: https://www.insee.fr/fr/statistiques/4806694 « L’aire d’attraction d’une ville définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. » source INSEE